C' est fait...
Audi a annoncé mercredi soir l'acquisition de Ducati, dont il espère achever l'intégration "aussi vite que possible", une fois l'autorisation des autorités de concurrence obtenue.
Il n'a pas dévoilé le montant de la transaction, mais selon la presse allemande il serait de 860 millions d'euros.
La nouvelle avait été en effet largement éventée par les médias du pays qui guettaient son annonce depuis des semaines.
Mercredi matin, le quotidien Süddeutsche Zeitung y voyait "un cadeau d'anniversaire" destiné à Ferdinand Piëch, qui a fêté ses 75 printemps mardi, motard convaincu et fan de Ducati.
"Si le rachat fait sens, si Ducati colle avec le reste de l'empire VW, tout cela sont des questions secondaires quand quelqu'un comme Piëch veut se faire un beau cadeau", écrivait-il.
Du haut de ses plus de 15 milliards de chiffre d'affaires, le groupe de Wolfsburg (nord) pouvait se permettre la dépense d'autant que cela lui permet de s'implanter sur le marché moto où est déjà présent son compatriote et concurrent dans le haut de gamme BMW.
Ducati, créée en 1926 par trois frères et basée à Bologne (nord), vend 42.000 motos par an et a réalisé l'an dernier 480 millions d'euros de chiffre d'affaire pour 94 milliards de bénéfice d'exploitation.
La société, qui emploie quelque 1.100 salariés, est détenue depuis 2006 à 70% par le fonds d'investissement Investindustrial.
Depuis cette date, "Ducati est devenue l'une des meilleures et plus rentable marques de motos dans le monde", a commenté Investindustrial dans un communiqué séparé.
L'italien, dont les véhicules souvent de couleur rouge sont très prisés des amateurs de motos, était depuis longtemps dans le viseur de Volkswagen, géant de l'automobile aux dix marques - bientôt onze avec Porsche qu'il est en passe de racheter.
Audi, dorénavant numéro deux mondial de la voiture haut de gamme derrière son compatriote BMW et devant Daimler et ses Mercedes, fabriquait déjà des motos dans les années 50, mais avait depuis longtemps abandonné ce segment.
Son rival BMW en revanche est présent sur ce marché, avec les marques BMW et Husqvarna. L'an dernier, il a vendu plus de 113.000 véhicules des deux marques, une croissance de 3% sur un an sans commune mesure avec le taux de croissance des ventes de ses voitures (+14%).
De manière générale, le marché des deux-roues ne fait pas très bonne figure ces dernières années, du moins dans les pays développés.
Les immatriculations sur le continent européen (Union européenne, Suisse et Norvège) ont atteint environ 1,6 million l'an dernier, selon les chiffres diffusés récemment par l'association européenne du secteur, Acem, soit un million de moins qu'en 2008.
L'appétit pour les deux-roues se développe certes à grande vitesse dans les pays d'Asie et d'Amérique Latine, à la faveur d'une urbanisation rapide, mais les motos Ducati, dont les prix peuvent monter jusqu'à 30.000 euros pièce pour le modèle 1199 Panigale, ne visent pas forcément ce public plus friand de scooters et autres motocyclettes.
Dans les marchés matures comme les Etats-Unis, l'Allemagne ou l'Italie, premier marché européen, "motos et scooters sont considérés comme un achat de prestige, prisé par les férus de vitesse et les plus riches", selon une étude de Global Industry Analysts l'an dernier. C'est-à-dire un marché relativement confidentiel, et soumis aux aléas de la conjoncture.
Audi a toutefois jugé la prise comme "excellente", soulignant que Ducati est "connu dans le monde entier comme une marque de luxe", avec "une longue tradition dans la fabrication des motos sportives", "une grande expertise dans les moteurs très performants et la construction légère" et est un des fabricants de moto les plus rentables du monde".
Pour Volkswagen, qui a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de près de 160 milliards d'euros, Ducati représentera de toute façon une goutte d'eau dans la mer. Et même à l'échelle d'Audi (44 milliards de chiffre d'affaires en 2011), la nouvelle acquisition ne pèsera pas très lourd.